Ressentie depuis des années au travers d’une paranoïa croissante et de plus en plus autiste, l’escalade avait fini par sortir du petit cercle des initiés. Personne n’oubliait la revanche à prendre par une Chine maintes fois humiliée par l’Occident dans le passé, à commencer par l’ère industrielle qui l’avait privée de sa suprématie commerciale pendant des siècles. Les intimidations se devaient de retentir haut et fort. Avec la maestria acquise au fil du temps et du conformisme, les médias géraient le chaud et le froid au gré des tendances. Des ficelles un peu grosses pour ceux restés vigilents, il en restait, en dépit des difficultés qui leur étaient faites. À contre-courant décidément du temps, à la fois plus et moins nombreux, plus dans leur détermination, moins en nombre, ce que ne manquaient pas de relever statistiques et sondages au service de l’information objective comme il se devait.
Depuis bien longtemps, les populations s’accommodaient du mensonge stratégique, dire le contraire de ce que l’on fait, de ce que l’on va faire, une arme tactique affirmait-on ; elles croyaient en la démocratie, elles s’y accrochaient comme à une bouée de sauvetage, l’ultime pour beaucoup. Elles pouvaient écarter par leur vote ceux qui nuisaient et ne s’en privaient pas, à chaque élection, mais, avec une étonnante amnésie, pour laisser la place “sans grande illusion” à d’autres, à ceux qui avaient précédé, et ainsi de suite, comme si ce fût inéluctable. La régression acceptée.
© Thélès éditeur
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