« Bataclan : deux ans et demi après les attentats de novembre 2015, des familles de victimes sont en colère. peut-on lire. Depuis le drame, une question les obsède : pourquoi des militaires de l’opération Sentinelle ne sont pas intervenus au Bataclan ? "Peut-on, en étant en armes, alors que se produit quelque chose d’extrêmement grave, ne pas agir ? Pourquoi des ordres n’ont pas été donnés ? Peut-être qu’ils seraient encore en vie", se demande un frère de victimes. Avec 17 autres familles, il a décidé de porter plainte contre X pour non-assistance à personne en péril. Pour eux, le bilan aurait pu être beaucoup moins lourd.
Mais la préfecture de police avait répondu alors : « on n’est pas en zone de guerre… »
À propos, a-t-on eu connaissance des résultats de la plainte déposée le 4 janvier 2016 par l’épouse d’un policier tué lors de l’attaque contre Charlie Hebdo un an avant ? Plainte évoquant aussi la rencontre, quelques semaines avant les attentats, d’un homme stationné dans la rue de Charlie Hebdo qui avait demandé si c’était « bien là qu’on critiquait le Prophète ». La protection policière de Charb en aurait été alors alertée et un rapport rédigé au sujet de cet incident.
On vient d’apprendre que les services du Renseignement étaient au courant du projet d'attentat quelques jours avant l'attaque assassinant le prêtre de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016. Et que ces services, se rendant compte de leur erreur, auraient tenté de dissimuler leur bévue en post-datant les documents les mettant en cause. Accusations rejetées par la Préfecture de police, mais reconnues quant aux informations que ses services ont eu de l'un des assassins…
Le Canard enchaîné du 19 avril 2017 nous apporte un nouvel élément, de poids, montrant le comportement des gouvernements français en place depuis janvier 2013 face au risque terroriste :
Le réveil enfin ? écrivais-je le 4 février dernier sur la contribution de Vincent Nouzille « Erreurs fatales », commençant par « Que ce soit par aveuglement, naïveté ou passivité, nos présidents successifs ont, depuis plus de trente ans, commis des erreurs fatales face au terrorisme, avec des conséquences graves pour notre sécurité...»
« Nos années de plomb - Du Caire au Bataclan : Autopsie d'un désastre - Enquête sur un mensonge d'État » de Philippe Cohen-Grillet, édité par « Plein jour édition»
« Bataclan : les 200 minutes qui ont boulversé la France », le FOCUS de C8 le 23 octobre 2016
Ainsi peut-on lire parmi les commentaires
- sur ce livre « …un terrible 'loupé' des autorités françaises. » ;
- sur cette émission « certaines voix s’élèvent pour affirmer que le drame aurait pu être évité. »
Entre autres y est confirmé que depuis des années des autorités françaises en savaient le risque sans que la sécurité de la salle n’en ait été renforcée, ni que la direction du Bataclan n’en ait été informée.
Et s’il n’y avait que le Bataclan ? Et Charlie Hebdo ? Et les victimes de Merah ? Cela fait beaucoup, surtout quand on sait la médiatisation qui en a été tirée. Pourquoi cela ?
Dans son dernier livre qui vient de paraître, « Erreurs fatales », Vincent Nouzille y contribue à son tour.
Ainsi résumé : « Que ce soit par aveuglement, naïveté ou passivité, nos présidents successifs ont, depuis plus de trente ans, commis des erreurs fatales face au terrorisme, avec des conséquences graves pour notre sécurité.
Improvisations après les attentats, réformes retardées ou bâclées, gestion chaotique des prises d’otages, marginalisation des juges, déni de la montée du djihadisme intérieur, failles du renseignement, confusions diplomatiques, faux pas militaires, comme en Libye ou en Syrie, dérapages en Afrique : la liste est longue.
Longtemps, nos présidents ont cru que la France serait protégée par un dispositif judiciaire et policier qu’ils croyaient efficace. Mais le feu couvait, les alertes ont été nombreuses, et nos gouvernants ne les ont pas entendues, y compris au lendemain des attaques meurtrières de 2015, dont certaines auraient pu être évitées. Alors que plusieurs vagues d’attentats ont mis en lumière les carences du pilotage de la lutte antiterroriste et du renseignement, ainsi que l’absence de coordination et de prévention, rien n’a été fait pour y remédier efficacement. »
Volontaires ou non, ces erreurs résulteraient-elles du hasard ? Question qu’appellent leurs effets, leur usage et leurs conséquences, mobilisation, protection, stigmatisation. Questions posées depuis 5 ans ici, avec « à quand le réveil ? ».
Après un "Euro" sans problèmes de sécurité et l'auto satisfaction qui s'ensuivit, cela n'a pas duré. La Fête nationale s'est mal terminée. A Nice cette fois.
En cette soirée estivale et festive sur la Promenade des Anglais, un camion. Et 84 morts.
« Charlie Hebdo » : dépôt d’une plainte contre X pour homicide involontaire
Le Monde.fr avec AFP | 05.01.2016
« … Ingrid Brinsolaro, l’épouse d’un policier tué lors de l’attaque contre Charlie Hebdo, a déposé lundi 4 janvier une plainte contre X pour tenter de lever le voile sur d’éventuels manquements des services de renseignement.
… Le mari d’Ingrid Brinsolaro, Franck Brinsolaro, était le policier chargé de la protection de Charb, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique. Les deux hommes ont été tués, ainsi que dix autres personnes, lorsque les frères Kouachi ont fait feu dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo.
… Mme Brinsolaro se demande si les autorités n’ont pas sous-estimé les menaces qui pesaient sur l’homme que son mari devait protéger, notamment à la suite de nouvelles menaces formulées contre lui par Al-Qaida. Des menaces que Charb aurait fait remonter, via M. Brinsolaro, à la hiérarchie policière.
La plainte s’interroge aussi sur la réaction des autorités à la suite du signalement d’un témoin, un journaliste travaillant à proximité des locaux de Charlie Hebdo. Ce dernier avait, quelques semaines avant les attentats, rencontré un homme, stationné dans la rue de l’hebdomadaire, qui lui avait demandé si c’était « bien là qu’on critiqu[ait] le Prophète ». Ce témoin avait alors alerté la protection policière de Charb et un rapport aurait été rédigé au sujet de cet incident…. »
Le texte du clip suivant, en attente depuis le 3 décembre d’explications, surtout sur les heures sans intervention des forces de l’ordre dans un Bataclan au millier de spectateurs soumis aux tirs de 3 tueurs kamikazes Daechiens.
« Le Canard enchaîné » du 9 décembre est le premier à « se risquer à rembobiner le film. » Ce n’est pas 3 heures d’attente mais de 21h40 à 0h08 donc 2h28 ; de plus « sans ordre et dans la plus totale improvisation… l’intervention héroïque d’un commissaire et de son chauffeur arrivés sur les lieux vers 21h50 … tue un terroriste, provoquant le repli des deux autres avec une vingtaine d’otages. » Sans eux combien de victimes ?
Ce matin sur Europe 1, autre information, d’un blessé, Cyril : des forces de l’ordre à l’extérieur vues de la salle pendant 2 heures avant d’intervenir.
« ... la BRI a mis beaucoup de temps à intervenir. A attendre les ordres ?… Les flics d’élite s’interrogent sur leurs exploits » titre « Le Canard » qui termine par « Et les terroristes ne risquent pas de répondre aux questions des juges… » Comme le 9 janvier.
Quant à la COP21 et aux régionales, on en saura plus ce week-end.
En tout cas pas pour les 130 tués, 350 blessés, leurs proches et familles, victimes de Daech à Saint-Denis et Paris.
Cette fois encore les circonstances interrogent. Un mois avant les élections régionales ; leurs dégâts, presque nuls au stade de France où se trouvaient le président de la République et plusieurs ministres ; 90 morts et de nombreux blessés par 4 tueurs dans une salle de spectacle de plus de 1000 places, la police attendant 3 heures pour y pénétrer. D’autant plus surprenant, révoltant même, en entendant les éloges qui n’ont cessé de suivre leur intervention.
Ainsi fut écrit le lendemain le texte d’un clip qui n’est pas diffusé encore à ce jour, inutile d’ajouter au trouble compréhensible installé pour quelque temps sans doute. Comme pour les massacres de janvier d’ailleurs.
Suivant de près le texte de ce clip écrit hier 6 janvier, non édité, l’attaque contre « Charlie Hebdo » dans ses nouveaux bureaux avec ses 12 morts réveille des souvenirs qui semblent oubliés aujourd’hui à ce que l’on entend depuis sur les ondes et médias.
« Notre 11 septembre » à plusieurs reprises. Effectivement sur les commentaires le rapprochement existe, sur des points essentiels : pas de « pourquoi ? », ni de « qu’a-t-on fait pour l’éviter ? », mais « nous sommes en guerre »…
Mais aussi des positions ostentatoires de responsables politiques de tous bords, pour la « France unifiée » : drapeaux en berne, minute de silence, cloches de Notre-Dame, manifestations populaires… finalement l’unanimité anti-islamique, l’unité française ainsi réalisée !
L’unité française réalisée ! l’impossible accompli, il a fallu 12 morts et 2 tueurs djihadistes pour parvenir à l’impossible, à l’unité. Si elle dure ne devraient-ils pas être récompensés ?
Attendons donc la suite.
Mais la France coincée par ses engagements récents, le crime odieux n’était-il pas inévitable ? N’était-il pas prévisible ? Rares certes, les alertes ne manquent pas, pas plus que les interrogations. Vers une « 3e guerre mondiale ?» peut-on lire ici et là : résultat des fautes de l’Occident et de son affaiblissement ?
« … un dessin ? une observation plutôt, sur une conversion religieuse pour épouser une milliardaire. Incroyable !
Surtout viré (pas sûr, hypocrisie en plus) par le médiatisé défenseur de la liberté d'expression depuis la diffusion par son hebdo des rendues fameuses "caricatures" de Mahomet, et l'exploitation médiatique qu'il en a fait.
Fragmentation pragmatique ou manipulation générique ? Les deux peut-être, Cela ne concernait pas les mêmes. En tout cas antiracisme à géométrie variable. »
Incroyable ! Une fois c’était déjà beaucoup, mais deux, c’est trop. Quelles qu’en soient les raisons. http://www.youtube.com/watch ? v=rXc6zNFbBEs = Présidentialisme le 22.09.2012.
Comment Charlie Hebdo peut-il « pousser à la radicalisation » ?
Enfin, parmi ses lecteurs perdus alors, Trevor Narg !
« La liberté c’est la responsabilité » a-t-il écrit dans son premier livre « 5021, l’autre monde » (2005). Que vaut une liberté irresponsable ? À quoi peut-elle conduire ? Ces « caricatures » étaient-elles une marque de liberté ou de provocation ? Surtout dans la récidive et son soutien médiatisé.
Autre interrogation, la protection de leurs bureaux était-elle suffisante pour empêcher le massacre des douze victimes, dont Cabu, Charb, Tignous et Honoré, ces talentueux journartistes ?
(Message écrit le 7 janvier, édité le 3 février 2015)