La philosophie se met à plaire, il en faut en ce moment, sans doute la raison.
Et l'un des philosophes d'évoquer "l'idéologie de l'air du temps", un autre " l'argent qui remplace Dieu, une religion à civiliser", leurs interlocuteurs ébahis face à tant d'audace.
Il est bon de le rappeler en effet, d'en parler enfin. Ce pourrait être fait depuis 5 ans au moins, depuis la parution de "5021 l'autre monde", puis de "2053 le réveil". Et si l'on en avait tenu compte nous n'en serions pas là.
En attendant, pour se rafraîchir la mémoire, l'esprit aussi, un petit retour à "2053 le réveil", pages 25 et suivantes précisément :
" ...
Gestion de la confusion, de la profusion, du discernement finalement, dans la prolifération des informations et des médias, des surenchères inhérentes à la concurrence, sans souci ni hiérarchie de valeur, dans l’avalanche permanente.
Des priorités ? Les affaires, le choix dominant d’alors, l’argent avant tout, avant l’homme. Et si cet ordre s’était inversé ?
Ce que ce monde aurait pu être ! Dans le respect de l’homme et de la nature, l’argent à leur service. L’intelligence, l’énergie, que chacun partout disposât d’un minimum vital motivant dans un environnement sain, la paix, la liberté, l’aspiration du plus grand nombre à n’en pas douter. Vivre sans souffrir et y contribuer dans la durée pour tous, chacun avec son talent et ses envies.
Impossible ? Les moyens de l’époque le permettaient, plus que jamais. Le moment était venu ! Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité ! Avec la Toile justement, tout, n’importe où, tout partout, joint par tout, de partout. Pour tout, tout instantané. “En temps réel”, disait-on.
En passant, seul l’instantané aurait été réel. L’après, l’avenir, ne voir que virtualité dans le projet pouvait-il inciter à l’action ? L’avant, le passé virtualisé, à quoi bon la mémoire ? Surtout si elle dérange.
Nouveauté majeure que l’instantanéité mondialisée ! Avec l’échange écrit immédiat l’efficacité épistolaire même si la discussion verbale y perdait. Une chance sans précédent, la faculté de rencontre illimitée. À peine concevable auparavant, une autre ère, de liens, de défragmentation, de rétablissement. De promesses et de risques, comme tous les moyens nouveaux, depuis toujours. La différence cette fois, décisive, des moyens à la disposition de tous et non plus, comme jusque-là, du seul petit nombre des initiés, des gens de pouvoir. Là, une ouverture inconnue, à chacun, à tous d’en tirer parti ! Un défi formidable !
Une mine d’informations et de contacts. L’exploitation commerciale d’abord, mais pas seulement, en jeu des intérêts de toutes sortes et, face à eux, des idées, des opportunités d’échanges, la communication autrement, tournée vers la vie, vers les gens. L’envie de réagir, d’agir, plutôt que de se résigner enfin réalisable !
Partout. Dans le Sud aussi, avec sa pauvreté et son génie de la débrouille. L’imagination, la dextérité, avec les récupérateurs par exemple, le recyclage de déchets des touristes en petits objets décoratifs, un retour vers les amateurs de couleurs et de rêves. D’autres idées venaient d’ailleurs, les tourniquets et l’énergie des enfants pompant en jouant l’eau souterraine pour le village. Ou encore, dans l’insalubrité des bidonvilles de mégalopoles agglomérant activités et pauvreté, face à l’exode rural, la réaction de paysans et de pêcheurs rencontrant l’enthousiasme de l’un, l’idée de l’autre, émise peut-être depuis l’autre bout du monde. Tout cela à la portée du dénuement, des moyens modestes, amplifié par la volonté et l’espoir de réussir. L’entraide, le soutien mutuel, le courage et l’exemple, petites gouttes avant de devenir filets, ruisseau... Très peu d’argent, petite marchandise, petite production, petit crédit, remboursement et que ça dure, courage et intelligence, des initiatives spontanées, simples, volontaires et dignes, dans la confiance. La confiance retrouvée !
La conscience que dans la confiance on pouvait s’en sortir, que l’on pouvait s’unir pour agir, même pauvre. Exactement le contraire de l’isolement dans lequel enfermait l’individualisme organisé des pays riches, exactement le contraire de l’assistance compassionnalisée pour la misère qu’ils produisaient. Le contraire du renoncement, de la soumission aux puissances occultes, aux croyances démobilisatrices. Le contraire de la compétition épuisante et de ses ravages chez les plus faibles. Le contraire des moyens considérables gaspillés dans des opérations plus spectaculaires qu’efficaces pour les peuples et pour la nature. Ces initiatives, toujours modestes au début, et même si la réussite matérielle peinait, donnaient de l’espoir et de l’envie. De l’amélioration et de la confiance.
Heureusement, sans cela que seraient devenus les pays, les peuples appauvris, décimés parfois, par d’amnésiques égoïsmes ? Des pauvres se prenaient en main, c’était devenu possible ! Pas seulement grâce à ces nouveaux moyens, mais avec de nouvelles perspectives ! Inattendues et encourageantes, tu l’imagines, le tout s’ajoutant aux techniques acquises, de quoi nourrir tout le monde, vêtir, éduquer. D’autres échanges, d’autres choix. Le vrai choix, entre l’avenir pout tous et les avantages immédiats pour quelques uns seulement. Jamais de telles possibilités, jamais de telles idées n’avaient pu être partagées !
Louanges et récompenses s’affichaient après une telle réussite, des tentatives de récupération destinées aussi à l’appliquer aux pauvres des pays riches, en oubliant l’essentiel cependant : ces échanges reposaient sur l’honnêteté, la pauvreté. À l’origine pour beaucoup de cette pauvreté, les intérêts en place n’auraient qu’été gagnants eux aussi à trouver de nouveaux partages pour y remédier. N’auraient eu qu’avantage à les évaluer. La simulation n’engageait pas, aurait-il fallu simplement le vouloir. Défaut d’imagination ou de volonté sans doute, ils en prêchaient pourtant les vertus, comme celles du risque.
Pourquoi s’en être privé ? J’ai cherché. Dans la compétition, la course à la puissance, toujours plus : “avancer pour ne pas reculer”, sans autre alternative. Fatalité vraiment ? Non, une option. La fuite en avant, l’avoeu de faiblesse. Car les puissants de l’époque n’étaient que des héritiers, ils devaient leurs pouvoirs au passé de pays enrichis grâce à leur géographie, climat, agriculture, sous-sol, et à leur histoire, culture, guerres, industrialisation, colonisation. Ce précieux legs, cette chance, longtemps mis au service du développement, furent dévoyés ensuite entre les mains des mieux pourvus, plus soucieuses de spéculation que de justice, la dernière mondialisation. Aurait-il fallu que ces héritiers fussent à la hauteur.
Dans l’habileté, ils l’étaient sans aucun doute. Exercice délicat certes que le pouvoir, plus encore avec les nouveaux moyens de communication, utiles aussi et savamment exploités. En politique avec des régimes appropriés, les institutions, les pratiques. La démocratie par exemple et sa représentation, souvent biaisées, fussent aisées pourtant à restituer : moins d’abus sans présidence suprême sacralisée par un suffrage universel direct adéquat, davantage de loyauté avec une représentation parlementaire proportionnelle évitant un bipartisme confiscatoire, stérilisant, et, de plus, avec la révocabilité des mandats publics en cas d’engagements trahis. Plus généralement de tout pouvoir sans réel contre-pouvoir.
L’assainissement n’avait pas besoin de passer par la déflagration ! Nationales ou internationales, les instances ainsi légitimées auraient pu prétendre et obtenir priorité sur tous autres pouvoirs, économique et financier pour ne citer que les plus influents. Priorité à l’intérêt général sur les intérêts particuliers, sans chercher à leur nuire pour autant, une vraie concurrence dans ce contexte n’offrant que du gagnant-gagnant. Pourquoi ne pas l’avoir fait ?
Illusion encore. Mais n’était-ce pas ce monde-là qui se berçait d’illusions, dans cette phase issue d’illusions et incitant toujours plus à l’illusion, jusqu’à la catastrophe. Le fallait-il sans doute pour qu’il se réveille !
Car les dangers causés par ses pratiques libertalistes mondialisées se révélaient peu à peu, concrets, préoccupants, et qu’il eût fallu y faire face sans tarder : un énorme travail de “nettoyage”, de l’activité pour longtemps, de quoi satisfaire les plus entreprenants, des perspectives économiques formidables ! Un avenir exaltant contrastant avec la morosité ambiante. Incompatible apparemment, un nettoyage à commencer par les esprits. Les libérer de préjugés installés depuis des décennies, effets de la toute puissance médiatique, de la permanence de l’écran.
Si des voix s’étaient élevées un jour en ce sens, elles n’avaient pas laissé de traces. J’ai cherché, je n’ai pas trouvé. J’apprendrai, plus tard, qu’en lisant le troisième livre de la trilogie j’aurais trouvé. "
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